Les professionnels connaissent mieux le marché que les particuliers, qui ont tendance à surévaluer leur bien. Ce n’est pas une raison pour acheter les yeux fermés.

Avant d’acheter un appartement, ce jeune couple de Grenoblois a longtemps pesé le pour et le contre. «C’est exactement ce qu’il vous faut!» assuraient les agents immobiliers à l’issue de chaque entretien. Pressés d’en finir – les week-ends n’étaient consacrés qu’aux visites – c’est vers un F 3 sur la place de l’Esplanade qu’ils se sont finalement orientés. Seulement voilà, l’agent immobilier avait «oublié» de les avertir de la tenue de la traditionnelle foire annuelle. Un mois entier où le bruit des manèges et l’agitation interdisent tout sommeil avant 2 heures du matin.Une mésaventure parmi d’autres, car les contentieux avec les agents immobiliers et les plaintes déposées par les particuliers se multiplient. Près d’un Français sur trois, révèle une enquête de l’Insee, considère que sa dernière acquisition ne répond pas à ce qui lui avait été promis. Chez Century 21, groupement professionnel de 470 agents immobiliers, on revendique une stricte sélection des franchisés, qui s’appuie sur «une étude de notoriété auprès des banques et des notaires» pour les nouveaux venus. 

«Chaque année, au moins 10 professionnels sont invités à quitter Century 21 pour manquement déontologique», explique le directeur exécutif, Hervé Bléry. Au sein du groupement, un service est d’ailleurs spécialement affecté à détecter «les absences de déclaration de vices cachés, la publicité mensongère ou le vol de clients». Alors, peut-on se passer des intermédiaires que sont les agents immobiliers? La négociation directe – du client au vendeur – n’offre pas que des avantages. «Le client ne paie certes pas de commission, mais les mises à prix qui circulent dans De particulier à particulier sont souvent supérieures à celles des agences», reconnaît Françoise Quantin, chargée de la communication du journal. Car les particuliers ont toujours tendance à surestimer la valeur de leur bien. Confrontés au marché, les agents immobiliers exercent donc une véritable régulation. Mais des précautions – pratiques, juridiques et financières – sont à prendre. Pour éviter à l’acheteur d’être floué, des professionnels, la plupart du temps assermentés par l’Etat, peuvent apporter un concours précieux. Le métrage de la surface habitable, sous haute surveillance depuis l’adoption de la loi Carrez, sera garanti par un géomètre. Un architecte est à même d’évaluer le montant des travaux à réaliser. Ce qui peut éviter les découvertes désagréables. Comme les 150 000 F de travaux de ce nouveau propriétaire de Dijon à qui on avait promis une résidence «en parfait état». Depuis vingt ans maintenant, l’Association nationale pour l’information sur le logement (01- 42-02-05-50) offre des précisions juridiques aux acheteurs les moins informés. «Nous expliquons aux particuliers qui doit payer les aménagements de la cage d’escalier, comment établir le bail obligatoire, quelle assurance habitation prendre…» étaye Isabelle Couëtoux du Tertre, responsable de l’association. Si besoin est, les clients se voient proposer de rencontrer un notaire. En 40 questions sur la surface habitable, l’étage ou encore l’exposition au soleil, le service Minitel 36-17 Expertimmo permet une évaluation chiffrée de la valeur du bien. «Ce qui aidera à montrer à l’agent immobilier que l’on sait de quoi on parle», reconnaît cet instituteur qui se définit comme un «amateur en la matière». Muté tous les deux ans, il vient pour la première fois de revendre son appartement… plus cher qu’il ne l’avait acheté.